3K, LE PRINCIPE DE L’ŒUVRE CONTEXTUELLE

Entre street art et art contextuel, l’artiste Steeve Bauras trouve dans la rue la matière et les problématiques de son travail. 3K invite à penser la société comme ce temps périodique ou la mémoire et l’oubli viennent se mêler dans une fiction-réalité afin d’évoquer les relations humaines. Steeve Bauras interroge le spectateur sur la manière de lire une image et les modalités de ses choix de lecture…

3k est une réflexion sur le devenir des sociétés contemporaines enclines aux manipulations historiques et mémorielles. Rejetant le communautarisme et ses différents travers, Steeve nous invite à penser l’humain comme un champ d’exploration de l’altérité. En effet à côtoyer ce travail, on constate que l’artiste cultive un lien avec la condition humaine. En somme, le vivre ensemble.

Dans la proposition 3K la mémoire est cette capacité d’un événement, en particulier à travers sa répétition, à marquer l’espace, à faire « trace » et, par-là, à aider à la constitution d’une mémoire collective, voire à travailler la question des identités.

L’artiste établit une différenciation entre mémoire individuelle/collective. De ce fait cette série s’inscrit dans un dialogue autour de l’engagement de l’artiste dans le champ social. A travers le déplacement du skateboard le discours, déclamée par le jeune …Dans la séquence du film choisi par l’artiste, s’immisce comme une contamination provocatrice voire virulente, mais pourtant éphémère, car c’est aussi de l’oubli, de l’amnésie historique que soulève l’artiste dans son œuvre.

Dans cette perspective, le rapport de l’œuvre à la ville est fondé sur le fait que l’art tire sa nature de la situation urbaine et politique, qu’il en dérive et fait retour sur cette situation. Déplacés dans un contexte d’exposition et ainsi libéré de sa fonction d’usage, la rampe, les skateboards tout comme les cache-nez, utilisé par les performeurs, s’offrent comme des supports ambigus et disponibles à une interprétation multiple.

L’expérience personnelle de l’artiste est-elle à prendre en compte? S’il se considère comme un métis de la diaspora africaine (originaire des Caraïbes) et choisit de travailler avec l’histoire de l’humanité, il revendique l’absence de lien, chez lui, avec le traumatisme supposé, dont font preuve certaines populations de la diaspora africaine. Le concept de diaspora d’ailleurs point sur lequel Steeve Bauras donne un point de vue critique, notamment quand son utilisation pour les populations noires.

En effet, Steeve Bauras se positionne comme observateur, et veut sortir du « discours émotionnel potentiellement aveuglant » pour transformer les sentiments, le vécu d’une population, en objet de recherche. L’idée de peau sauvée (volonté d’éclaircir son descendance et la rendre par la même occasion plus invisible et indicible) très présente dans les sociétés antillaises, marque, également, un point important dans la réflexion artistique de Steeve Bauras. Sa condition revendiquée d’artiste, repose sur le vœu implicite d’une réforme dont l’art peut être un des vecteurs efficaces.

Avec l’œuvre 3k de Steeve Bauras, plus que d’opposition, il faut parler de position en porte-à-faux, et plus que de subversion, d’une transgression à des fins de positivité. Parti du «texte» social et politique, l’artiste contextuel ne réécrit pas ce dernier dans son entier. Il en corrige quelques phrases, çà et là.

Yves Chatap

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